L’impact de la mondialisation sur les secteurs d’activité et l’emploi en France
La mondialisation, phénomène complexe et multifacette, a profondément transformé l’économie mondiale et, par extension, celle de la France. Cette évolution a des effets variés sur les différents secteurs d’activité et l’emploi, créant à la fois des opportunités et des défis significatifs.
La mondialisation et ses effets sur l’économie française
La mondialisation s’est traduite par une intensification des échanges commerciaux et une internationalisation accrue des capitaux. Entre 1983 et 2006, le commerce en volume a progressé de 4,9 % par an, contre 2,7 % pour le PIB mondial[2].
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Impact sur le commerce international
La France, en tant que membre de l’Union européenne, est fortement intégrée dans le marché mondial. Les investissements directs à l’étranger (IDE) et les placements financiers ont augmenté considérablement, avec les entrées d’IDE représentant en moyenne 22 % de l’investissement privé intérieur en France entre 2000 et 2006[2].
Cependant, cette intégration mondiale expose les entreprises françaises à une concurrence internationale accrue. Les secteurs comme l’automobile, par exemple, sont confrontés à des enjeux de transformation majeurs, tels que l’électrification, et à une concurrence dérégulée venue de pays comme la Chine[1].
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Effets sur l’emploi et les travailleurs
La mondialisation a des impacts contradictoires sur l’emploi en France.
Création et destruction d’emplois
D’une part, la France a connu un mouvement de réindustrialisation inédit ces dernières années, avec des créations d’emplois et d’usines significatives. Entre 2017 et 2023, 130 000 emplois ont été créés dans l’industrie, dont 28 000 en 2023 seul[1].
Cependant, cette dynamique s’essouffle. Le nombre de fermetures d’usines a augmenté, et le solde entre les créations et les fermetures d’usines, bien que toujours positif, progresse moins rapidement. Des entreprises comme Michelin et Valéo ont annoncé des fermetures de sites industriels, ce qui ravive les craintes sur la santé de l’industrie française[3].
Gagnants et perdants de la mondialisation
La mondialisation crée des gagnants et des perdants. Les entreprises qui parviennent à se positionner sur les marchés internationaux et à adopter les nouvelles technologies peuvent bénéficier de cette ouverture. En revanche, les travailleurs dans les secteurs exposés à la concurrence internationale, notamment dans l’industrie manufacturière, risquent de voir leurs emplois menacés.
Selon Farid Toubal, économiste spécialisé dans les effets de la mondialisation, “la mondialisation peut entraîner des destructions d’emplois dans les secteurs où la concurrence internationale est forte, mais elle peut également créer de nouveaux emplois dans les secteurs à forte valeur ajoutée”[2].
Evolution des secteurs d’activité
La mondialisation influence profondément l’évolution des différents secteurs d’activité en France.
Secteur manufacturier
Le secteur manufacturier, historiquement un pilier de l’économie française, a connu des difficultés. Malgré un rebond récent, la production industrielle française n’a jamais retrouvé son niveau d’activité d’avant la crise du Covid. L’indice de production de l’industrie française en septembre 2024 était à peine plus élevé qu’en janvier 2014[3].
La contribution du secteur manufacturier au PIB a chuté drastiquement depuis les années 1950, passant de 25 % à moins de 10 % du PIB. Cette tendance reflète une économie qui se développe à un rythme moindre que le reste de l’économie[3].
Services et progrès technologique
En revanche, le secteur des services a connu une croissance significative. La mondialisation et les progrès technologiques ont favorisé l’émergence de nouveaux services et l’expansion des entreprises de services. Cependant, cela a également entraîné une mise en concurrence des salariés à l’échelle mondiale, contribuant à une baisse quasi universelle de la part du PIB consacrée à la rémunération des salariés[2].
Politiques pour atténuer les effets négatifs
Pour atténuer les effets négatifs de la mondialisation, le gouvernement français a mis en place plusieurs politiques.
Plan “Ambition pour l’industrie”
Le plan “Ambition pour l’industrie” présenté en novembre 2024 vise à soutenir la décarbonation de l’industrie, le développement de l’industrie verte, et à consolider certaines filières pour favoriser l’émergence d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) plus robustes et résilientes. Ce plan inclut des mesures pour accompagner et soutenir la décarbonation de l’industrie, ainsi que des fonds de soutien pour les PME et ETI dans des secteurs comme l’aéronautique et l’automobile[1].
Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF)
Le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), qui taxera les importations sur la base de leur contenu carbone à partir de janvier 2026, vise à rétablir un équilibre entre les produits fabriqués en Europe et ceux importés. Cette mesure est cruciale pour assurer un environnement de concurrence équitable pour les entreprises européennes face à la concurrence internationale[1].
Conseils pratiques pour les entreprises et les travailleurs
Adaptation aux nouvelles technologies
Les entreprises doivent se positionner sur les marchés internationaux et adopter les nouvelles technologies pour rester compétitives. L’investissement dans la formation continue et l’innovation est essentiel pour maintenir une position forte dans un marché global en constante évolution.
Diversification des activités
Les entreprises devraient diversifier leurs activités pour réduire leur dépendance à un seul secteur. Cela peut inclure l’expansion dans des secteurs à forte valeur ajoutée ou la création de nouveaux services.
Formation et compétences
Les travailleurs doivent se préparer à l’évolution du marché du travail en acquérant de nouvelles compétences et en se formant continuellement. Les gouvernements et les entreprises doivent également investir dans des programmes de formation pour aider les travailleurs à se réadapter.
La mondialisation est un phénomène complexe qui présente à la fois des opportunités et des défis pour l’économie française. Alors que certains secteurs bénéficient de cette ouverture, d’autres sont confrontés à des difficultés majeures. Les politiques gouvernementales, telles que le plan “Ambition pour l’industrie” et le MACF, visent à atténuer les effets négatifs et à soutenir les entreprises et les travailleurs.
En fin de compte, la clé pour naviguer dans ce contexte mondialisé réside dans l’adaptation, l’innovation et l’investissement dans la formation et les compétences. Comme le souligne Ariell Reshef, économiste spécialisé dans les effets de la mondialisation, “la mondialisation n’est pas un phénomène à arrêter, mais à gérer de manière à maximiser ses bénéfices tout en minimisant ses coûts”[2].
Tableau comparatif : Évolution de l’industrie française
Indicateur | 2014 | 2021 | 2023 | 2024 |
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Nombre d’usines ouvertes | – | 176 | 189 | 36 (premier semestre) |
Nombre d’usines fermées | – | 61 | 72 | >36 (premier semestre) |
Créations nettes d’emplois | – | 28 000 | 28 000 | – |
Indice de production industrielle | 100 | 101,6 | 101,6 | 101,6 |
Valeur ajoutée du secteur manufacturier dans le PIB | 10,5% | 10,2% | 10% | <10% |
Liste à puces : Mesures pour atténuer les effets négatifs de la mondialisation
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Soutenir la décarbonation de l’industrie :
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Accompagner et soutenir la décarbonation de l’industrie.
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Développer l’industrie verte.
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Déployer les technologies de réduction d’émissions.
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Consolider les filières :
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Favoriser l’émergence d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) plus robustes et résilientes.
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Lancement de fonds de soutien pour les PME et ETI dans des secteurs comme l’aéronautique et l’automobile.
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Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) :
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Taxer les importations sur la base de leur contenu carbone à partir de janvier 2026.
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Rétablir un équilibre entre les produits fabriqués en Europe et ceux importés.
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Formation et compétences :
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Investir dans des programmes de formation continue pour les travailleurs.
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Aider les travailleurs à se réadapter aux nouvelles technologies et aux changements du marché du travail.
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Diversification des activités :
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Encourager les entreprises à diversifier leurs activités pour réduire leur dépendance à un seul secteur.
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Soutenir l’expansion dans des secteurs à forte valeur ajoutée ou la création de nouveaux services.